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jeudi 26 avril 2012

La génétique de l'iris


Hybridation et génétique

« Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre » Sun Tse (L’art de la guerre)

Cette remarque qui vaut  pour la guerre, vaut aussi pour l'hybridation.
Pour réussir un croisement ou du moins obtenir quelque chose qui réponde à ses attentes, il faut d'abord savoir ce que l'on veut, ce qui ne veut pas dire qu'on obtiendra (facilement) ce que l'on recherche.
On le verra plus loin, on est loin d'avoir la connaissance de tous les gènes qui interviennent dans la morphologie de la plante. De plus, pour chacun des caractères, plusieurs gènes peuvent être en cause. Si on ajoute à cela que les nombreux croisements opérés continuent à modifier le patrimoine génétique de nos sujets, on aura vite compris qu'un minimum de connaissance en génétique et beaucoup de rigueur seront nécessaires à l'atteinte de l'objectif.

Quelques définitions

Les gènes

Le gène peut être défini comme le porteur d’information d’un individu. L’ensemble des gènes constitue le génotype et concentre donc toute l’information concernant un individu. Les gènes sont des séquences d’A.D.N. présents sur les chromosomes dans le noyau de la cellule. Ces gènes peuvent être porteur d’un caractère ou en déterminer un par combinaison de plusieurs gènes.
Le gène est constitué d’une séquence de nucléotides (fragments d’ADN). Différentes versions d’un gène peuvent être présentes sur le même chromosome. On les appelle alleles.
L’expression d’un gène détermine le phenotype, c’est à dire un caractère particulier de l’individu : la couleur  de la fleur par exemple, pour le cas le plus simple. Mais dans la majorité des cas, plusieurs gènes sont responsables d’un caractère.

Les allèles et leur rôle dans le phenotype

 Pour chaque gène, il y a  des allèles (deux dans le cas de diploïdes) apportés par chaque parent. Si les allèles ont une séquence nucléotidique identique, on parlera d’homozygotes, dans le cas contraire d’hétérozygotes. Ce dernier cas est intéressant (et particulièrement pour les iris hybrides). Les deux allèles du gène vont concourir à l’expression du phénotype. Si les deux allèles sont différents, un peut exprimer un caractère : on dira qu’il est dominant, tandis que l’autre allèle sera « dormant » ou récessif. Le fait que l’allèle récessif ne s’exprime pas dans le « nouveau-né ne veut pas dire qu’il ne sera pas transmis à la descendance. Dans certaines conditions (on examinera le cas des plicatas plus tard) ce caractère peut se révéler.


Les chromosomes

Ils portent les gènes et représentent donc la synthèse de l’information sur  un individu présente au cœur de chaque cellule.
Le nombre de chromosomes est variable selon les espèces ou les sous-espèces : dans le monde des iris, on distinguera les plantes diploïdes dont les chromosomes seront présents par paires (2 n) des plantes polyploïdes (triploïdes (3 paires de chromosomes), tétraploïdes (4 paires) pentaploïdes (5 paires) etc…
Le passage d’un sujet diploïde à un sujet polyploïde peut être le résultat d’une mutation ou d’une hybridation (naturelle ou provoquée par l’homme).
Cette question est d’un grand intérêt pour les apprentis hybrideurs.


Des iris diploïdes aux iris tetraploïdes

Nos iris des jardins étaient au début du XX e siècle, des iris diploïdes possédant 12 paires de chromosomes soit 24 chromosomes (2n = 24). C’était le cas d’I. pallida et d’I. variegata.
Vers 1910, ils furent croisés avec des variétés sauvages tétraploïdes : Iris  Cypriana et I. mesopotamica. qui possédaient 24 paires de chromosomes soit 48 chromosomes. On les a aussi croisés avec  I. Aphylla
et Iris balkana. 
Ces espèces, toutes originaires de l’est méditerranéen ou européen étaient au moins pour les premières citées (on verra après l'intérêt des croisements avec I. Aphylla) plus hautes, plus larges, mais moins résistantes au froid. Ces croisements avec des iris dont la couleur dominante était le bleu et le pourpre, vont donner une large gamme de couleurs et de formes, résultant de combinaisons génétiques complexes.
L'utilisation d'Iris reichenbachii  a permis la création d'iris nains susceptibles de croisements avec les grands barbus.
Normalement le croisement d’une espèce diploïde avec une espèce tétraploïde, quand elle est possible, donne un hybride triploïde, réputé stérile. Or, sans doute via une mutation, on a obtenu des hybrides tétraploïdes fertiles. On peut provoquer artificiellement ces mutations à l’aide de colchicine. Mais cela suppose des procédures rigoureuses hors de portée de l’amateur.

En fait le passage des diploïdes aux triploïdes va augmenter de façon exponentielles les possibilités d'obtenir des éléments nouveaux lors de croisements. Ainsi que l'apparition des traits "modernes" des iris : sépales plus larges et moins retombants, frisottis des pièces florales, coloris nouveaux.

L’hétérogénéité de la descendance


Il est extrêmement difficile de prévoir quel sera le résultat d’un croisement entre deux iris et ceci pour plusieurs raisons :
            -le nombre considérable de gènes en cause dans le croisement surtout quand il s’agit de tétraploïdes
            -le fait qu’on n’a pas encore localisé les gènes responsables de tous les caractères d’un iris.
            -le caractère polygénique d’un trait. Ce qui veut dire que l’association de plusieurs gènes peut être requise pour produire un caractère de la fleur (taille, forme, couleur)
            -l’existence d’allèles récessifs et d’allèles dominants
            -le nombre infini de combinaisons possibles dans un croisement : tous les grains de pollen sont différents, ainsi que les ovules. Si on devait réaliser un millier de croisements de deux iris et obtenir 50000 graines et en supposant que toutes germent, on aurait 50 000 iris génétiquement différents. Aucune chance d’obtenir (quelles que puissent être les ressemblances extérieures) deux iris identiques.

Ainsi, si nous faisons un croisement entre deux variétés réputées (par exemple Blue Danube Waves (Mego 2006) et Reversi (Sutton 2006) et que nous inversons ce croisement (BDW X Reversi et Reversi X BDW). Si nous répetons ce croisement 100 fois, aucun des descendants nés des semis ne sera identique, même si beaucoup se ressembleront. 


Cette hétérogénéité de la descendance peut s'observer concrètement : 

Elle apparaît assez nettement si l’on s’intéresse aux frères de semis obtenus comme on vient de l'évoquer par un même croisement (ou par un croisement inverse : père devient mère et vice versa).
Voici quelques exemples réunis par Pascal sur le site de la SFIB :


Hindu Magic (photo Twiki)
Magic Kingdom (Photo Twiki)






Si on ne peut douter qu’Hindu Magic soit la mère (difficile pour un iris, sauf mélange des sachets de graines de naître de mère inconnue), on est étonnés de constater que le caractère plicata ne se retrouve pas chez les descendants qui semblent tous ou presque avoir subi l’influence prépondérante du donneur de pollen.
Dans le croisement inverse (Magic Kingdom étant cette fois la mère) on ne trouve pas davantage trace de ce caractère. Que s’est-il passé ?

Pour répondre à cette question, il importe de comprendre ce qu'est le caractère plicata et comment il apparaît ou se propage dans la descendance.
Nous consacrerons la livraison de la semaine prochaine à l'étude de ce cas, avant d'entreprendre d'autres études, sur la forme ou la couleur à partir des travaux des  grands hybrideurs américains qui ont bien voulu donner quelques informations sur leurs recherches (Spoon, Keppel, Gatty)



On excusera les quelques erreurs qui ont pu se glisser dans ces lignes (merci de me les signaler). Je ne suis pas généticien et tributaire des écrits de nos "maîtres" parfois imparfaitement lus ou traduits



La prochaine livraison de ce blog aura un peu de retard pour cause de vacances…










mercredi 25 avril 2012

Les maladies de l'iris

La génétique de l'iris .


Il faudra patienter un peu pour avoir la suite de notre travail sur l'hybridation. J'ai essayé de faire quelque chose d'assez complet, mais c'est une question très technique, sur laquelle les informations sont pratiquement toutes en anglais. Elles sont par ailleurs nombreuses, et dès qu'on tire un fil, on ouvre de nouvelles pistes. Cela prend plus de temps que prévu aussi je ne pense pas être prêt avent la semaine prochaine. Dès que possible, le travail sera mis en ligne …
Pour l'heure quelques précisions sur les maladies qui assaillent les plantations de certains d'entre nous.

Les maladies de l’iris (3)

Je me serais bien dispensé d’écrire un nouveau chapitre sur les pestes et maladies qui frappent nos plantes préférées. J’entends déjà les commentaires « vous allez finir par faire croire que les iris sont une plante fragile. Vous allez décourager les amateurs (clients)… » etc.
En fait les iris sont tout à la fois des plantes d’une extrême robustesse, increvables même, mais aussi, pour certains ou dans certaines conditions parfois sensibles à de redoutables infections. Il en va des iris comme des animaux : il y a des bâtards qui résistent à tout et des chiens de race fragiles comme des chochottes. Cette mise en garde vise principalement ceux des amateurs qui ont cassé leur tirelire pour s’offrir quelques unes de ce « précieuses » et qui enragent de les voir dépérir.
C’est le contexte de cet hiver doux et de printemps capricieux qui m’a amené à ces quelques informations supplémentaires et les mésaventures subies par quelques uns d’entre vous.

Un coup du « sorch »

Un des amis de la SFIB a eu la surprise de voir une de ses touffes atteinte par une curieuse maladie.
D’abord, le haut des feuilles jaunit puis brunit.

Ensuite l’infection se propage du haut vers le bas




 
Puis elle gagne les racines, tandis que le rhizome reste ferme.

(Merci à Daniel Boris de nous avoir permis d'utiliser ses photos)


Il s’agit de ce que les américains appellent le sorch, ce qu’on traduit généralement par le roussissement de l’iris.
C’est une maladie assez rare [à ne pas confondre avec les tâches du feuillage (hétérosporiose) ], réputée peu contagieuse et dont la nature est mal connue. Certains penchent pour un virus, d’autres pour un champignon.
Aucun traitement fongicide ne semble très efficace. Il reste deux solutions : arracher et bruler. Ce « traitement »  évite la propagation de la maladie (on évitera pendant plusieurs années de replanter des iris à la même place), mais évidemment condamne la plante. Si c’est un exemplaire unique et qu’on veut le sauver, il existe une méthode qui consiste à exposer le plant arraché et nettoyé à une forte chaleur (sur le béton au soleil). On évoque une température de 45°, ce qui, on en conviendra est plus facile à faire en Californie en été qu’en Isère au début du printemps. Là, l’abri d’une serre (ventilée quand même) peut permettre de tenter l’expérience. On déconseillera quand même le four de cuisine.

La multiplication des pourritures.

De divers lieux de France nous parviennent  les échos d’un curieux  regain de pourriture bactérienne.
Ce qui est curieux, c’est la diversité des situations (de climat, d’exposition et de sol) et la période qui n’est pas en général celle de cette infection (qui a la gentillesse d’attendre qu’il fasse plus chaud et humide).
Dans mon jardin, les atteintes se sont limitées à deux parterres (l’un planté en 2010, l’autre en 2011) et aux iris plantés en pot, tandis que les plates-bandes d’iris anciens, même situées dans des conditions ombragées n’ont pas été touchées.
Comment l’expliquer ? Certains nous reprocheront d’avoir auparavant empoisonné nos terres avec engrais et pesticides. Pourtant certains n’ont utilisé ni engrais ni pesticides.
Il faudrait peut-être rechercher dans plusieurs directions :
            -la possibilité d’un germe importé via les achats ou les échanges. J’ai ainsi reçu un envoi dont un rhizome était quasiment entièrement pourri.
            -l’hypothèse de terreaux ou composts infectés. Il faut être vigilants qur les « terreaux universels » qui sont parfois (mais pas toujours) de vraies cochonneries (certaines plate-formesde compostage récupèrent le contenu des déchetteries municipales où les particuliers ont apporté leurs déchets végétaux, parfois malades. On trouve aussi dans ces composts des restes de bois pourris parfois encore revêtus de peinture (au plomb ?). Donc préférez votre propre compost fait à partir de végétaux sains.
            - une prolifération liée aux conditions climatiques : un hiver doux qui a vu, en maints endroits, la végétation repartir dès février, puis un brutal coup de froid qui a affaiblit les plants (les jeunes pousses subissant durement la morsure du gel. Cela est particulièrement vraisemblable pour les plantes en pot. Mais ça n’explique pas la diversité des situations à l’intérieur d’un même jardin ;
            -trop de soins ? Cela peut paraître paradoxal, mais ce sont souvent les variétés les plus récentes, celles qu’on soigne le plus qui attrapent la maladie. Mais aucune raison scientifique ne vient à l’appui de cette intuition.
            -reste la piste de variétés plus fragiles que d’autres ainsi que de l’origine de la plante. C’est une piste à explorer qui suppose que tous les amateurs fassent un recensement des plants atteints, de leur origine. On aurait peut-être ainsi un moyen de confirmer ou d’éliminer cette hypothèse.


Enfin on peut signaler une étude plus générale parue dans la revue scientifique "Nature" qui met en évidence le développement des pourritures liées à des champignons devenus plus résistants. Cette récurrence touche la plupart des formes du vivant (animaux : les chauves souris, les batraciens ; végétaux, dont les céréales). Une piste à explorer. La SFIB pourrait contribuer, pour le domaine dont elle s'occupe à recueillir les données.

[ Les feuilles plissées

Plusieurs amateurs constatent en ce printemps que les feuilles de leurs iris sont épaiisses et plissées. S'agit-il d'une maladie ou d'une réaction des tissus àaux bizarreries climatiques. La chose est sous observation. Il ne semble pas pour l'heure qu'il y ait préjudice pour les plantes. On en reparlera.]


Quels traitements pour nos plantes ?

Les moins interventionnistes  (et les plus fortunés ?) des amateurs procéderont comme pour le sorch : arracher et bruler les plantes malades. Ne rien replanter sur le même emplacement. Dur ! Mais cela évite la manipulation et l'utilisation qui peuvent à terme se révéler dangereux pour l'environnement et pour l'homme.
Les précautionneux prépareront soigneusement le sol où ils planteront (en les espaçant suffisamment) leurs nouveautés (pratiquer un chaulage peut-être utile) auxquelles ils feront subir une quarantaine : ne pas introduire dans un massif en place de nouvelle variété achetée ou échangée avant d’en avoir éprouvé la solidité et la salubrité.
Les jardiniers "éco-responsables" utiliseront lajavel diluée (10à 20%) pour désinfecter les rhizomes 
Les désespérés utiliseront les ressources phyto-sanitaires à leur disposition : et celles-ci sont de plus en plus rares, la plupart des produits curatifs ayant été retirés de la vente par décision de l'Union Européenne, du fait de leurs effets nocifs sur les milieux aquatiques ou sur les utilisateurs. On reviendra ultérieurement sur cette question qui nourrit toujours de vives controverses. Ne pas traiter, c'est aussi laisser des germes se répandre. Le choix est toujours difficile. En tout état de cause, nettoyer ses plantations, aérer ses cultures, désherber souvent (en quelque sorte garder propre) est un moyen d'essayer de limiter les infections.


jeudi 12 avril 2012

L'hybridation des iris


L’hybridation : un passe-temps passion à la portée de tous !

En parlant de passe-temps, je vais en faire bondir plus d’un !
Voyons, c’est beaucoup plus sérieux que cela puisqu’on va jouer à la Création. Dommage que Michel-Ange ne puisse rajouter un panneau au plafond de la « Sixtine » !

Faire des bébés c’est  relativement facile !

Il faut d’abord choisir des  parents. C’est à la fois simple et compliqué. Nous reviendrons sur ce sujet plus loin, supposons la question résolue. On a choisi une mère à la corolle accueillante, il reste à choisir le père pourvu d’un pollen abondant et mûr.
On conseillera d’opérer plutôt le matin sur une fleur (la mère) récemment ouverte, dont on prendra soin de supprimer les étamines, pour éviter toute autofécondation intempestive. On aura par ailleurs prélevé sur le père le pollen (soit l’étamine entière, soit le pollen avec un pinceau) et on déposera le pollen sur les trois stigmates, comme le montre ce pas à pas du site de la SFIB : 

Après cela, on conseille de casser les sépales de la mère (les sépales sont les pistes d’atterrissages des bourdons qui pourraient apporter du pollen étranger non désiré. Les scientifiques objecteront que c’est inutile. Si la fécondation manuelle a réussi, il n’y a palus de possibilité de nouvelle fécondation. Objection reçue. Mais il est possible que le pollen du père choisi ne soit pas fertile. Dans ce cas, un pollen apporté de l’extérieur pourrait féconder la mère et laisser croire au final que les graines obtenues proviennent du croisement désiré, alors qu’il n’en est rien. Comme dit la sagesse populaire : « prudence est mère de sureté ». On peut aussi si l’on ne veut pas casser les sépales entourer la fleur d’une gaze jusqu’à ce que la réussite de la fécondation soit apparente (gonflement de l’ovaire).

Ensuite attendre…
Plusieurs semaines après cette opération (voire plusieurs mois, les « capsules » commencent à jaunir et à s’entrouvrir. Il faut alors les récolter : les ouvrir et recueillir les graines que l’on va tranquillement laisser sécher quelques jours.
A partir de là, deux techniques : une traditionnelle et une « rapide » pour les impatients.

La méthode traditionnelle.

On laisse sécher les graines puis on les sème en octobre dans des terrines (mélange trois tiers : terre franche, sable, terreau) où l’on aura pris soin d’indiquer le croisement par une étiquette indélébile. On arrose et l’on attend le printemps. Les graines lèveront de façon plus ou moins capricieuse (certaines ne germeront que la deuxième année). Quant les plantules auront atteint une quinzaine de cm on pourra alors les repiquer dans des godets (sans oublier d’indiquer par une étiquette le croisement effectué. (Oui, ça fait beaucoup d’étiquettes ! Aussi peut on, si on a la possibilité de ranger correctement les pots, d’indiquer le croisement au début de la rangée).
Puis, lorsque les racines se seront bien développées et que le plant aura forci, on les installera en pleine terre. Il faudra encore attendre un an ou deux pour avoir les premières fleurs. 

La méthode « rapide » pour les impatients !

Elle permet de gagner pratiquement un an, en pratiquant le semis peu de temps après la récolte des graines et en « forçant » celles-ci.
Explication :
            -pour germer, les graines ont besoin d’une part de subir «un « coup de froid » qui lève la dormance et d’autre part d’être réhydratées. Deux opérations qu’il est possible de reproduire artificiellement (on parlera de « vernalisation »).
            -on met les graines dans un sachet, placé au congélateur pendant deux à trois heures (voire un peu plus). Puis, on trempe les graines dans de l’eau pendant plusieurs jours, en changeant cette eau régulièrement.
Enfin on procède comme précédemment : on sème les graines dans une terrine et on arrose de manière à ne pas laisser le pot se dessécher. La levée s’opère en un ou deux mois environ. [si l’on souhaite des explications plus détaillées sur le processus de dormance en général et sa levée, on peut consulter ce lien : http://www.greffer.net/?p=194]

            -il conviendra ensuite de protéger les jeunes semis. Ils se croient au printemps, alors qu’ils vont entrer dans l’hiver ! Il faudra pour cela les abriter du froid qui leur serait fatal (serre froide, véranda non chauffée ou serre-tunnel). Dans les régions de climat doux, on peut se contenter d’un endroit abrité et d’un voile d’hivernage.

Ensuite, au début du printemps, on procèdera  comme avec la méthode traditionnelle (repiquage).


J'installe les pots à mi-ombre jusqu'à la reprise, pour éviter les brulures du soleil et le déssèchement

Les soucis commencent alors !

Une capsule peut contenir  quelques graines (4 par exemple sur un croisement) ou beaucoup plus (60 voire plus…) . Vous avez fait une dizaine de croisements sur plusieurs fleurs, vos graines ont remarquablement levé et vous vous trouves à la tête de plusieurs centaines de plants qu’il va falloir mettre en godets, puis en petits pots. Premierr souci : trouver des pots (mangez des yaourts !). Puis il faudra ensuite trouver de l’espace pour replanter en pleine terre vos enfants. Sauf à élever vos rejetons en pot, ce qui peut se concevoir, le temps d’éliminer les créations indignes.

Vient en effet le moment le plus difficile : choisir et éliminer.
Choisir ceux que l’on garde, car ils présentent toutes les caractéristiques d’un bon iris, éliminer les autres.
Eliminer : c’est un crève cœur, parce qu’on a attendu deux ans, voire trois. Pourtant certains iris sont mal formés, malingres ou tout simplement inintéressants. Direction : le tas de compost ! Mais direz vous, cet iris qui a peu de boutons ne peut-il pas être conservé, car le coloris est original. Peut-être pourrait-il transmettre ses qualités et pas ses défauts dans un croisement ultérieur. Gardons le donc en attente au bénéfice du doute. Néanmoins sur la soixantaine ou centaine d’iris nés du même croisement, beaucoup vont se ressembler. La sagesse commande de ne garder que les plus résistants, les plus vigoureux, les plus florifères.
Choisir alors ceux que l’on conserve sans réserve, pour l’originalité ou la pureté du coloris, la vigueur, la tenue, le nombre de boutons, la qualité du branchement. La messe est-elle dite ? Non. Car il faudra les regarder grandir dans le temps. On ne pourra juger définitivement que sur une période de trois ans (voire plus), le temps que l’iris s’installe et révèle (ou infirme) ses qualités.

Que veut-on obtenir ?

C'est en effet la question qu'on peut se poser : Veut-on en semant, obtenir plus rapidement beaucoup d'iris ? Si c'est votre motivation, mieux vaut alors renoncer ! D'abord, parce que les iris se multiplient naturellement assez rapidement et surtout parce que s'agissant d'iris hybrides (résultat de plus d'un siècle de croisements) le semis ne produira pas une population homogène qui reproduise fidèlement les caractéristiques des parents.
Le but de l'hybridation est en effet de créer quelque chose de nouveau. À tout coup on créera eneffet quelque chose de différent des parents, mais il n'est pas garanti que cela constitue une amélioration, ni que le produit apporte vraiment quelque chose de vraiment nouveau.

Ou bien on veut « s’amuser », on n’a aucune intention de rivaliser avec les hybrideurs professionnels et l’on se contentera d’un résultat honnête s’il est agréable à l’œil. Ou bien (et l’on se prend vite au jeu) on souhaite vraiment créer quelque chose de nouveau par la couleur, la forme, le nombre et la taille des fleurs, et là, on ne peut pas laisser grand chose au hasard. Il faut s’intéresser un peu à la génétique et établir un programme d’hybridation. Et on rentre dans des choses un peu plus compliquées, sur lesquelles il n’existe pas grand chose en français.

Quelques éléments de génétique de l’iris



Comment savoir en effet ce qu'on va obtenir quand on choisit des parents, ou à l'inverse comment choisir les parents pour obtenir ce que l'on recherche (démarche la plus fréquente pour les obtenteurs professionnels)

Les constats empiriques

On peut déjà observer ce qui a été obtenu par d'autres et tenter de comprendre ce qui se passe.

Le cas de Brown Lasso, un iris de bordure vainqueur de la Dikes Medal en 1981 a été bien étudié par Sylvain Ruaud dans son blog du 19 janvier 2002 ( http://irisenligne.blogspot.fr/2002/01/brown-lasso-le-petit-iris-brown-lasso.html)
Brown Lasso (photo Twiki)

Il est issu d'une mère (Punchline) qui apporte la bordure des sépales (le "lasso") :
Punchline (photo Twiki)

et d'un père, lui même croisement de Milestone (qui apporte le jaune beurré des pétales) :
Milestone (photo Twiki
et de Wild Mustang, un "blend"aux pétales rose bengale et aux sépales violet orchidée dont on peut penser qu'il aura servi à renforcer la couleur des sépales.
On a donc ici un iris qui aura conjugué des carctéristiques appartenant aux deux parents et de façon heureuse, le résultat étant supérieur aux géniteurs (merci papa, merci maman).

Parfois le croisement donne des résultats très voisins des parents ou d'un parent. Ainsi un croisement réalisé par Schreiner en 1996 à partir de Honky Tonk Blues :
Honky Tonk Blue (Photo G. Raffaelli)
et d'Altruist :
Altruist (photo Twiki)
donne un résultat Skywalker qui est très proche (en plus pâle) d'Honky Tonk Blues :

Skywalker (photo Twiki)
dont il a gardé la forme et l'architecture d'ensemble. Et ici, Schreiner n'a conservé que le meilleur des semis (du moins on peut le supposer)

La semaine prochaine, nous aborderons les "choses sérieuses" et essayerons de fournir quelques éléments plus théoriques sur la génétique de l'iris et la façon dont les croisements peuvent provoquer les effets recherchés ainsi que sur l'évolution qui a conduit des iris diploIdes du début du XXe siècle aux tétraploïdes d'aujourd'hui.



mercredi 4 avril 2012

Problème de réseau

Par suite d'un problème de réseau, il m'est impossible de mettre en ligne la publication consacrée à l'hybridation.

J'espère un retour à la normale en début de semaine prochaine si l'ordinateur n'est pas en cause.

Joyeuses Pâques à tous avec les premiers iris en fleur…