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mardi 9 octobre 2012

Les Iris de BLYTH, nous et les autres


Une petite semaine fertile en événements : tout d'abord la réunion de l'assemblée Générale de la SFIB le week-end dernier dans cette belle région qu'est le Giennois, puis en début de semaine la réception du catalogue de Tempo Two présentant les introductions de Barry Blith; voilà l'occasion de réfléchir un peu plus sur les joies de l'hybridation et les mille et une "ruses" de la génétique 

* Hybridation : la magie Blyth 

Il n'est sans doute pas nécessaire de présenter ici le génial hybrideur australien Barry Blyth, qui lors de son voyage en France ce printemps, nous a présenté sa démarche et le résultat de ses travaux.
Voici quelques exemples utiles à méditer pour qui veut hybrider à son tour !

Les enfants ne ressemblent pas toujours à leurs parents

Voici un semis où la mère est un amoena orange "Ginger Ice" 

Ginger Ice (photo Barry Blyth)
et le père un bicolore ocre/pourpre
06-129A (Photo B. Blyth)
Parmi les iris obtenus deux sont retenus très différents de leurs parents où l'on retrouve la nuance des pétales du père dans le premier :
V116-1 (Photo B. Blyth)
 mais pratiquement rien de visible dans le second
V116-2 (Photo B Blyth
Autre exemple : un mariage d'un iris de Blyth avec un iris de Keppel (son compère et ami) :

Carnival Capers (Photo B. Blyth)
XGypsy Lord (Photo B. Blyth)


qui donne les résultats suivants :







Il faut dire que Gypsy lord a pour ancêtres :  'Last Laugh' X 95-52C: ('Braggadocio' x 'Romantic Evening') et que Romantic Evening incorpore dans son patrimoine 88-14: ((83-73-J2: ('Success Story' x ('Fancy Tales' x 'Alpine Castle')) x (('Persian Smoke' x'Entourage') x (('Strawberry Sensation' x ('Artiste' x 'Tupelo Honey')) x 'Borderline' sib))) x 'Costa Rica') X 88-215: ('Witch's Wand' x 86-3, 'Costa Rica' sib). Une véritable "soupe" génétique associant des iris assez anciens et de coloris très variés mais qui présentent presque tous de solides qualités (robustesse, branchement) et ont été la plupart récompensés à l'exception, c'est un comble, de 'Succes Story' le mal nommé !

De ces trois semis retenus, Barry Blyth considère que T26-1 était le plus spectaculaire et le meilleur de la saisons (bonne croissance, bonne taille, bon branchement). On mesure que même lorsqu'on a affaire à un hybrideur qui a une idée de ce qu'il obtiendra, la complexité de la génétique donne des résultats très variables.
Pour faire un bon iris, il faut donc observer quelques règles :
-choisir deux bons parents ayant toutes les qualités qu'on attend d'un iris
-choisir des variétés récentes
-être draconien dans la sélection des semis obtenus et ne garder que les meilleurs.

La grande diversité des semis

C'est à la fois la chose la plus fascinante et la plus déroutante qui soit ! On va sélectionner les parents en fonction d'un objectif : une barbe rouge sur fond bleu et, si l'on obtient bien un ou deux bébés présentant les caractéristiques requises, hélas, ils ont une mauvaise forme, une pauvre substance. Heureusement, parmi les semis, se trouvent un ou deux iris dont les coloris n'ont rien à voir avec ce qui était recherché, mais de belle forme, vigoureux et florifères.

De cette diversité B. Blyth nous fournit un exemple saisissant : je reproduis ici toute la page des résultats sélectionnés de son croisement :

On remarquera la qualité des parents et la diversité des résultats

Il y a des iris fétiches pour certains hybrideurs qui représentent une sorte de "Graal". Pour Barry Blyth, 'Adoree' est de ceux-là. Il l'a utilisé à foison dans de multiples croisement et ce qu'il a obtenu est tout sauf médiocre. 

On le retrouve dans les introductions 2012/2013 comme mère avec 'Pirate Queen', 'Cinderella's Secret 'ou comme père avec 'Sudden Bliss', 'Tempo Rouge', 'Adoranova'


Cinderella's Secret [Adoree X (I'm Dreaming sib xPlatinum Class sib)] (Photo B. Blyth)

Pirate Queen [même parenté] (Photo B. Blyth)

Sudden Bliss (Glad All Over X Adoree) (Photo B. Blyth)

 'Adoranova' [Glad All Over X Adoree] (Photo B. Blyth)

Le nom même de l'iris dit bien qu'il est pour Blyth le digne successeur d'Adoree'. Il le décrit comme "a stronger version of its parent 'Adoree'" 

'Tempo Rouge' (Glad All Over X Adoree)

On mesure la joie qui doit être celle de l'hybrideur, lorsque dans un même semis on découvre deux iris de la qualité des deux ci-dessus ! Méditation aussi sur la diversité …

Le Blyth nouveau est donc arrivé !

L'arrivée dans les boites du catalogue de Tempo Two qui met en scène les dernières obtentions de B. Blyth est toujours un moment d'émerveillement.

J'ai retenu quelques variétés à coté de celles montrées plus haut qui rentreront peut-être dans mon jardin bientôt :

Les "baisers" :
 Sweet Kisses (Photo B. Blyth)

Hidden Kisses (Photo B. Blyth)

les amoenas :

'Music of the surf'  (Photo B. Blyth)
Un descendant de Wintry Sky avec un branchement superlatif



Cross My Heart (Love Again X Dinner Talk) (Photo B. Blyth)




douceur et volupté :



'Matters of the Heart' (Kissable You X Are We in Love) (Photo B. Blyth)


* La réunion annuelle des mordus d'iris

Lorsque l'automne pointe son nez, les amateurs d'iris et de bulbes tiennent leur assemblée générale.
Cette année ce fut à Poilly lez Gien aux établissements Cayeux et en présence du maître des lieux, ainsi que d'autres professionnels des iris (Pascal Bourdillon et Senteurs du Quercy)

Réunir des amateurs en provenance de tous les coins de France n'est pas chose facile. Mais une quinzaine de participants passionnés s'étaient quand même retrouvés, d'abord dans un sympathique petit restaurant de Gien, puis dans les locaux de Richard Cayeux.

• Parmi les problèmes débattus, plusieurs retiennent mon attention : la difficulté d'organiser en France un concours national et d'en maintenir la perennité, le développement de l'hybridation, les commandes groupées à l'étranger

Franciris

Franciris a été depuis 2005, la vitrine française du monde des iris. Tous les deux ans, un concours international départage les nouveautés venues du monde entier, tandis qu'un critérium du public effectue un classement des variétés les plus séduisantes.
Organiser un tel concours est difficile : il faut des partenaires fiables qui puissent fournir le lieu, assurer la plantation et l'entretien pendant deux ans, il faut des financement, car un tel concours coûte cher et des juges en nombre suffisant. Enfin il faut une météo favorable et des iris qui veulent bien fleurir au moment où le concours a lieu.
Si les premières manifestations ont été un succès, le concours 2011 a été plutôt calamiteux : mauvais entretien des cultures, floraison très en retad du fait de la météo. Le concours 2013 a dû in extrémis être annulé tandis qu'on recherche un nouvel hébergement pour les ollections et les plantations du concours 2015.
Pourquoi réussit-on sans difficulté ce genre de manifestation à Florence ? Pourquoi autant de difficultés en France où les amateurs d'iris ne sont pas moins nombreux ?
Sans doute dufait d'une moindre implication des pouvoirs publics. A Florence l'iris est l'emblème de la ville, et ceci explique peut-être cela. Mais le lieu aussi explique peut-être les difficultés. La perspective d'un transfert au Parc Floral de Paris, à l'étude, permettrait peut-être de donner à ce concours plus de visibilité et plus de public. A suivre…

L'hybridation : aide et entraide

Le projet a été formé de constituer des groupes d'hybridation avec comme idée directrice : aider les "jeunes" hybrideurs à effectuer leurs croisements, en échangeant des "trucs", ou plus sérieusement, du pollen de variétés récentes pas nécessairement détenues. L'idée est même avancée de faire réaliser par tel ou tel  un croisement que l'on ne peut faire dans son jardin faute des variétés nécessaires.
Idée interessante, difficile à mettre en place, mais en cours d'élaboration.
Ce qui semble par dessus tout interessant dans cette idée, c'est de permettre la multiplication des tentatives, la confrontation des expériences, l'explication des cheminements, la comparaison des performances. Ainsi satisfera-t-on peut être, ceux qui trouvent que trop d'iris introduits ne  présentent pas les caractéristiques de nouveauté et de qualité indispensables. 

Les commandes groupées à l'étranger.

C'est une opportunité qu'offre à ses adhérents la SFIB, qui permet à tout un chacun d'acheter aux Etats-Unis, en Australie, en Slovaquie, un ou plusieurs rhizomes, en bénéficiant de prix avantageux (plus on commande moins cela coûte cher) et surtout en s'évitant les problèmes de certificat phytosanitaire et les tracasseries douanières. Inconvénients que supporte seul le responsable de ces commandes, le secrétaire général, Roland Dejoux.
En effet, les contraintes phytosanitaires sont devenues beaucoup plus draconiennes. Alors qu'autrefois, il suffisait qu'unétblissement reçoiveannuellement la visite de l'inspecteur phyto sanitaire, désormais chaque envoi doit faire l'objet d'une visite sanitaire, ce qui en augment considérablement le coût. L'avantage des commandes groupées, c'est qu'une seule visite va être nécessaire au lieu des 25 qu'il aurait fallu si chacun avait commandé séparément. A noter que Barry Blyth propose d'étendre ce système à l'ensemble de l'Europe en passant par la Hollande et la France, la SFIB assurant un rôle de redistributeur. 
Les tracasseries douanières sont aussi un casse-tête contre lequel il n'y a guère de solution que de contournement. Pas pour des raisons financières. Nul ne conteste le paiement des droits de douanes. Mais nombreux ont été ceux qui ont souffert de l'humeur ou de l'incompétence des services douaniers (ergotages sur le certificat phyto, contestation de la valeur des biens à laquelle appliquer la taxe, délais de rétention et bien d'autres). Le passage par la Hollande (via un transitaire) permet le plus souvent d'éviter ces inconvénients.
Certes tout ceci a un coût qui n'est justifiable que lorsqu'il s'agit de variétés très récentes, indisponibles chez les producteurs ou chez les collectionneurs français. Rappelons que la SFIB a établi pour ses adhérents une liste des variétés disponibles à l'achat ou à l'échange qui comporte plusieurs milliers de variétés de toutes sortes (barbus ou glabres, grands ou petits, espèces ou hybrides, anciens ou modernes)


•Les divers chemins de la culture

Il n'y a pas que la culture des iris et l'A.G. de la SFIB est souvent l'occasion de visites (jardins, monuments, etc.)
Cette année, compte tenu de la richesse du patrimoine local, une visite a été organisée pour les adhérents restés sur place de deux hauts lieux de l'art médiéval : l'abbaye de Fleury à Saint Benoit sur Loire avec sa tour porche, chef d'œuvre de l'art roman et l'oratoire carolingien voisin de Germigny des Prés (début du IXe siècle) , qui possède dans le cul de four de l'abside, la seule mosaïque "byzantine" de France à l'imitation de celles de Ravenne.
La crypte de l'Abbaye de Fleury abritant les reliques de Benoit de Nurcie (Photo C. Raffaelli)


Jean recevant de l'archange le livre destiné aux sept églises d'Asie (Apocalypse de Jean) Chapiteau de la tour porche (Photo C. Raffaelli)


Les visiteurs… (en fond l'oratoire carolingien de Germigny des Prés) (Photo C. Raffaelli)
Deux archanges symbolisant le peuple chrétien et le peuple juif entourant la "main du Sauveur" montrant l'arche vide : une représentation allégorique qui remplace (en pleine querelle sur les images (déjà !)) les représentations, habituelles en cet emplacement, du Christ et de la Vierge (Photo C. Raffaelli)